Plein de dates de rencontres et un brin d'énervement contre les 9 mecs les plus riches du monde, dont la fortune (surprise!) est issue de l'industrie de la tech.
Hello,
Je rentre de Strasbourg, où j’ai donné une masterclass tirée de L’Envers de la Tech, et c’était très chouette !
Vous pouvez toujours en lire les premières pages sur le site des Pérégrines. Et je vous donne rendez-vous le 6 novembre à 19h, à la librairie Les Nouveautés, à Paris, et le 21 novembre à 18h à la librairie Dialogues, à Morlaix, pour en parler plus longuement.
Par ailleurs, ce mois-ci, si ça vous dit, je discute ou fais discuter divers expert·es du numérique :
Le 8 novembre, rdv aux Assises de la traduction littéraire, à Arles, pour un “Observatoire de la traduction et des relations humain-machine”.
Le 15.11, rdv au festival Projection Transition, à Paris, pour discuter des vingt ans de réseaux sociaux (juste après une projection de The Social Network, de David Fincher)
Le 27.11, rdv au festival Podcast Hôtel à Lyon, pour un débat “Plateformes de diffusion, réseaux sociaux… Une production guidée par les algorithmes ?”
Toutes les infos sur mon site.
Les dix personnes les plus riches ont collectivement gagné 500 milliards de dollars en un an grâce au marché de l’intelligence artificielle. À l’exception de notre Bernard Arnault national (LVMH), ils sont toutes issus de l’industrie numérique : Elon Musk (SpaceX, Tesla, etc), Larry Ellison (Oracle), Jeff Bezos (Amazon), Larry Page et Sergey Brin (Google), Mark Zuckerberg (Meta), Steve Ballmer (Microsoft), Jensen Huang (Nvidia) et Michael Dell (Dell).
Ensemble, ils ont donc fait croître leur fortune à des niveaux indéfinissables (vu que j’ai déjà trop utilisé le mot « stratosphérique »), et ce, en pariant sur la grande activité extractive de ce siècle : la fameuse IA. À l’exception de Bernard Arnault, encore une fois, tous sont des actionnaires majeurs de cette industrie.
Or, comme je vous l’expliquais dans la dernière édition de Technoculture, les montages financiers qui tirent les contrats et les valorisations de l’intelligence artificielle sont relativement inquiétants. Les effets de l’industrie sur l’accaparement des sols, l’approvisionnement en énergie, en eau, suscitent aussi un nombre croissant de frictions, un peu partout sur le globe.
Et puis il y a la question du mode de vie des ultra-riches. Au moment de la publication de ces résultats financiers, Oxfam publiait un nouveau rapport sur l’impact environnemental des ultra-riches. Parmi ses constats ? « Une personne appartenant aux 0,1 % les plus riches émet plus de 800 kg de CO2 par jour. En revanche, une personne appartenant aux 50 % les plus pauvres de la population mondiale émet en moyenne seulement 2 kg de CO2 par jour. »
Autres chiffres : « Depuis 1990, la part des émissions des 1 % les plus riches a augmenté de 13 % et celle des 0,1 % les plus riches de 32 %, tandis que celle des 50 % les plus pauvres a diminué de 3 %. »
Le média Vert a compilé ces données en un graphique, ça donne ceci :
Au pays des technoguys détachés du réel, l’explosion du budget carbone s’opère notamment par les trajets en jet privés des uns et des autres (335 en 2024 pour Elon Musk), les yachts immenses (shoutout to Larry Ellison), l’appropriation et la bétonisation d’îles hawaïennes ou néozélandaises pour se construire des bunkers (passions de Zuckerberg et Thiel).
À toutes ces pratiques, il faut bien sûr ajouter leurs activités économiques. Le rythme des lancements de fusées organisés par SpaceX est tel qu’on peine à en mesurer la pollution réelle, l’IA est développée si vite que le Shift épinglait au début du mois l’impréparation des pouvoirs publics…
Bref, retrouvez-moi aux Nouveautés jeudi (ou ailleurs, en ligne ou hors ligne !) pour qu’on discute des manières de freiner cet accélérationnisme aveugle à son environnement.
Début octobre, je vous parlais de mes interrogations sur l’intersection entre tech et religion. J’ai avancé sur le dossier pour Next, avec
-> un article sur l’obsession de Peter Thiel pour l’antéchrist, et son rôle dans le projet plus large d’éviter toute forme de régulation.
-> une interview de l’historien Fred Turner, qui m’expliquait avoir commencé son cursus universitaire en étudiant le puritanisme religieux aux États-Unis (mais ça, c’était avant de plonger dans les méandres des mondes numériques). Dans ce long entretien (idéale lecture de week-end, à mon avis), il nous donne donc : quelques bases pour mieux appréhender l’importance d’une certaine forme de protestantisme dans la culture américaine, l’importance politique qu'ont pris divers groupes fondamentalistes chrétiens depuis le début des années 1980, et comment toutes ces idées sont entrées en collision avec le monde numérique.
Rien à voir, mais Madame Figaro m’a aussi tendu le micro pour expliquer les phénomènes de « transvestigations », comme les appellent leurs auteurs, mais qui devraient selon moi être renommées en « opérations de cyberharcèlement fondées sur de la désinformation de genre » (ok c’est long, mais c’est plus juste). J’ai rassemblé mes réflexions dans quelques publications (lisibles sur Insta ou Masto).
Pas de grande reco culturelle ce mois-ci car… j’ai très peu le temps de me poser. Ceci dit, j’ai revu Citizen Kane, et surprise : remplacer Charles Kane par un patron de réseau social fonctionne très bien.
Mais vous, dites-moi : avez-vous, vous, des films, podcasts, livres à me recommander ?
Merci de m’avoir lue.
— Mathilde
Pour soutenir mon travail, faites connaître cette newsletter autour de vous, contactez-moi pour des conférences ou des formations, ou offrez (vous) L’Envers de la Tech, Ce que le numérique fait au monde (Les Pérégrines, 2025) ou Technoféminisme, Comment le numérique aggrave les inégalités (Grasset, 2023).
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